Des années 20 aux années 60, le design des assises s’est considérablement enrichi. Voici quelques modèles de fauteuils iconiques.
« Bibendum » 1925 – Eileen Gray.
L’architecte et designer imagine ce fauteuil pour un appartement parisien. Structure en acier inoxydable, assise rembourée de polyuréthane, de ouate de polyester recouvert d’un cuir fin. Elle est l’un des pionnières de la structure tubulaire. Modèle réédité par Classicon depuis 1965.
« LC2 », 1928 – Perriand, Jeanneret, Le Corbusier.
C’est pour un projet en région parisienne que le trio travaille sur une conception de mobilier. Charlotte Perriand s’occupait de l’équipement de la maison et c’est sans nul doute en très grande majorité à elle que l’on doit le design avant-gardiste de cet ensemble de sièges…dont ce fauteuil « grand confort », rebaptisé ensuite par Cassina « LC2 ». A l’instar du Bibendum, il est composé d’une structure tubulaire en acier mais de forme cubique. Et de coussins totalement indépendants de la structure. Ces derniers sont disposés de façon à composer l’assise, le dossier et les accoudoirs du fauteuil.
« Barcelona », 1929 – Mies van der Rohe.
Créé par le designer allemand, grande figure du Bauhaus (mais aussi du modernisme et du design épuré) à l’occasion de l’Exposition Universelle de Barcelone. Il avait en charge la conception du Pavillon allemand et conçoit les plans et le mobilier. (L’histoire oublie bien souvent de citer sa partenaire Lilly Reich…). La gamme comprend une chauffeuse destinée au roi et la reine pendant la visite inaugurale. Le design évoque un trône moderne et connait alors un franc succès. Il est édité depuis 1953 par Knoll International.
« Lady », 1951 – Marco Zanuso.
Architecte-designer italien mais aussi polytechnicien, Marc Zanuso, prolixe dans les années 50-60, porte le design à un niveau technique inégalé. Ce fauteuil a été présenté à la triennale de Milan où il remporte la médaille d’or. Il inspire le confort, de part son process technique et son design. Son secret : le caoutchouc mousse, la suspension avec du Nastrocord ( un ruban synthétique à base de caoutchouc et de chêne-liège), les degrés de rembourrage différents selon les zones du corps… C’est en toute logique que Cassina l’a intégré à son catalogue d’édition.
« Egg » et « swan », 1958 – Arne Jacobsen.
Architecte, designer, diplômé de l’Académie Royale Danoise des Beaux Arts en 1927. Il devient le principal designer (après les années 50) du célèbre l’ébéniste danois Fritz Hansen. Il conçoit ces 2 fauteuils pour le hall et la réception du SAS Royal Hotel de Copenhague. Ils incarnent son idéal d’un « design total ». Leurs formes toutes en rondeur contrastent avec les lignes tendues, horizontales et verticales, de l’hôtel lui-même. L’Egg et le Swan sont le fruit d’une technique novatrice, que Jacobsen a été le premier à utiliser : une mousse très dure sert d’ossature à la coque, rembourrée et recouverte de tissu ou de cuir. Pour l’Egg, son ambition était simple : créer un fauteuil à l’intérieur duquel une sphère d’intimité se crée. Jusqu’à faire oublier que l’on se trouve dans un hall d’hôtel bruyant. Avec ou sans repose pied, l’Egg est l’incarnation même du fauteuil lounge, aussi à l’aise dans un espace privé que public.
« Mushroom », 1960 – Pierre Paulin
Diplômé de l’école Camondo en 1950, le succès arrive en 1953 avec le Salon des arts ménagers et sa première collaboration avec Thonet France qui commence à éditer ses première pièces l’année suivantes. En 1958 la maison d’édition Artifort, basée à Maastricht, s’oriente vers le meuble contemporain en s’entourant de plusieurs designer dont Paulin. Il explora alors les sièges en coques en bois moulées, garnies de mousse et habillées de housses. Formes souples et arrondies, couleurs vives, des sièges iconiques voient le jour dont le « Mushroom », initialement « Model No.560 ». Il insufflera la modernité à l’Elysée sous 3 présidents. Ses meubles entrent au MoMa de New York.
Donc, le fauteuil sans pied de la série n°560, dit Mushroom, est garni de mousse de caoutchouc et recouvert de jersey élastique. Pierre Paulin eut cette idée en voyant des femmes en maillot de bain, gainées et galbées. Il décide alors de créer un siège entièrement recouvert de tissu gainant pour un aspect lisse, sans aspérités. Il se met à la recherche d’un tissu résistant, qu’il trouvera finalement en Norvège. Peu coûteux, plus résistant, extensible, il enserre et maintient la mousse de la carcasse, sans faux plis.
« Mushroom » – Pierre Paulin – 1960
Et vous, parmi les fauteuils iconiques, lequel aurait votre préférence?